Les Parents de Jehanne, « la pucelle de Domremy » ou « Pucelle d’Orléans » :
- Jacques 1375 – 1431 venant certainement d’Arc en Barrois
- Isabelle Romée 1380 – 1459 née à Vouthon fille de Jean, laboureur et de Catherine
Eglise de Vouthon- haut
Mariage des parents de Jehanne,
Juin 1400, à Vouthon, petit village lorrain, Isabelle Romée fille de Jean, le laboureur, et de Catherine, préparait activement son mariage avec Jacques, un grand gaillard, laboureur, venant du village d’ Arc (ou Ars) en Barrois .
La guerre de cent ans grondait depuis 1337, les villages n’étaient pas épargnés par les Anglo-bouguignons et les brigands à la solde de seigneurs gangsters comme le « damoiseau de Commercy , Robert de Sarrebruck et d’autres… » , la vie était rude , les attaques imprévisibles et ce jour de fête était un rayon de soleil au milieu de l’enfer… Ce jour tant attendu arriva enfin !
L’église avait revêtu ses ornements de fête, des fleurs embaumaient, des cierges scintillaient comme des étoiles, les bancs étaient remplis et chacun avait mis son habit propre, celui qu’on sort si rarement, si bien que le jour où on l’enfile, on se demande si on pourra encore le boutonner !
Seuls, au centre du chœur, face au maître autel, les futurs mariés étaient silencieux et recueillis. Isabelle était grande et mince dans sa robe noire, avec son bouquet de lys blancs on aurait dit une madone !
Jacques, c’était un grand jeune homme, au regard doux et rieur. Le prêtre , un homme âgé, leur donna le sacrement de mariage
Toute l’assemblée chanta et la cérémonie se termina dans une liesse générale. La gaieté se lisait sur tous les visages, Jacques parlait doucement , Isabelle souriait, tous deux faisaient un grand pas dans l’inconnu de cette époque tourmentée.
- A quoi bon penser au lendemain dit Jacques
Isabelle resplendissait de bonheur aux côtés de son grand Jacques, son visage doux, éclairé de grands yeux bruns, s’assombrissait dès qu’un homme parlait de bataille.
Vouthon- bas
Le cortège qui s’étirait comme un long ruban à travers le village s’arrêta devant une maison de paysan, décorée de branchages , les battants de la porte de grange , largement ouverts laissaient voir une longue table ! Les convives étaient nombreux, les parents d’Isabelle avaient invité tous les cousins et amis pour les épousailles de leur fille !
A la chambre à fours, les femmes s’affairaient autour des rôtis de porc, de gibier et de volailles …. Ils mangèrent et burent du vin d’Amanty . La nuit était tombée, la fête battait son plein et continuait au son des flûtes et des épinettes.. Les danseurs tournoyaient et sautaient, essayant de prendre en un jour , tout le bonheur d’une année ! Les flammes des torches dansaient au souffle léger de la brise, le ciel étoilé tapissait l’univers et jamais la douceur de vivre n’avait été aussi grande !
Assis sur la margelle du puits, près d’Isabelle, Jacques devisait avec ses amis quand, tout à coup, on entendit un galop de chevaux , le silence tomba comme un couperet. Jacques se leva et marcha lentement vers la place du village, d’où venait le bruit ! Les autres, apeurés, restèrent immobiles et sans voix . Jacques avait disparu dans le virage, l’attente était interminable, Isabelle se précipita pour rejoindre son jeune époux. . Elle arriva, tout essoufflée et hurla de joie en entendant Jacques qui criait :
- Des Lorrains ! Des hommes de Messire Jean de Bauffremont…
A ce nom, une rumeur joyeuse monta et tous les villageois accoururent ! Au milieu de cette foule , les chevaux se cabraient , les trois cavaliers posèrent pieds sur leur terre natale. Ils venaient de France et tout le monde les pressait de questions . Les trois cavaliers n’avaient pas le temps de répondre . Sigismont de Gondrecourt se remit en selle et s’adressa aux villageois en ces termes :
Mes amis, il faut fuir , les anglos- bourguignons des écuyers Jean et Milet d’Autrey ont pillé et brûlé Taillancourt et Amanty, ils seront bientôt là !
En un éclair, toute l’horreur de la guerre inonda les visages. Les jeunes gens et les hommes filèrent vers la forêt en poussant un troupeau devant eux, les femmes, les vieillards et les enfants se précipitèrent dans l’église et refermèrent les grandes portes. La maison de Dieu était un refuge, tous à genoux, ils priaient et chantaient.
Dehors, tout était en feu ! Après des heures de pillage, la mauvaise troupe quitta enfin Vouthon ! –
La maison de Dieu leur avait servi de rempart ! Heureusement, ces brigands craignaient encore « la colère de Dieu » et n’osaient pas attaquer une église .
Le vieux prêtre se releva de son prie-dieu et en regardant tous ces gens apeurés dit :
- Mes amis, ne perdons pas courage, relevons la tête ! Il est temps d’aller au devant des hommes !
A ces mots, les femmes et les enfants se précipitèrent dehors, le spectacle du désastre les laissa, un instant, désarmés et découragés .
Isabelle s’écria :
- Venez les enfants, allons prévenir les hommes et nous les aiderons à rassembler le troupeau !
Les journées qui suivirent furent laborieuses, les tâches étaient lourdes : déblayer, nettoyer, reconstruire, rendre les maisons habitables,, tous les bras étaient utilisés, les plus jeunes gardaient le troupeau communal. Isabelle et Jacques restèrent quelques semaines à Vouthon , leur aide fut très appréciée par tous . La vie reprit son cours, calme et tranquille. Isabelle et Jacques partirent à Domremy, petit village, niché dans les méandres de la Meuse, accompagnés d’une troupe joyeuse de jeunes gens qui les aidèrent à emménager dans leur nouvelle demeure.
Rue principale de Domremy
Les biens que possédaient Jacques d'Arc et Isabelle à Domremy représentaient environ 20 ha, dont 12 en terres et 4 en bois dont le Bois Chenu
Jacques était « laboureur », donc, un paysan assez aisé.