La mère de Jehanne après Rouen,
Après tous les malheurs qui avaient endeuillé la famille de Jehanne d'Arc, sa mère, Isabelle, tomba gravement malade. Elle refusait de se nourrir et se laissait mourir . Elle répétait sans cesse :
- Que Dieu me rappelle, je veux rejoindre mes chères filles, mon époux et mon fils aîné !
Les voisins se relayaient à son chevet et l’obligeaient à prendre un peu de soupe. Elle s’affaiblissait de jour en jour. Pierre et Jean n’oubliaient pas leur mère et souffraient de ne pouvoir la faire soigner. Il fallait beaucoup trop d’argent pour faire venir un médecin . C’est alors que la ville d’Orléans chercha à savoir ce qui était advenu de la famille de leur libératrice. Un émissaire fut envoyé à Domremy . Aux yeux des habitants, son arrivée au village était un miracle ! Apprenant l’état de santé de la mère de Jehanne, le 7 juillet 1440, la ville d’Orléans la fit venir dans ses murs, pour la soigner.
Lieu de la résidence d'Isabelle à Orléans
Elle fut installée chez Henriette Anquetil et Guillaume Bertrand. Ils la reçurent avec une grande gentillesse :
- Madame Isabelle, quelle joie de vous recevoir ! dit Henriette
- Mais, que voulez-vous faire de moi ? Je ne suis qu’une vieille femme malade !
- Nous allons vous soigner , madame Isabelle !
- Je ne veux pas guérir, mes amis ! Je veux rejoindre ma famille que Dieu a rappelée auprès de lui !
- Il faut guérir, madame Isabelle ! Il faut vous battre pour Jehanne !
Isabelle souffla, ferma les yeux et laissa tomber ses bras le long de son corps .La chambrière de sire Bertrand fut chargée de la veiller et de lui donner les traitements que l’apothicaire Geoffroy Driou apportait et prescrivait. La gentillesse de tous ces gens lui redonna le goût à la vie . La vieille femme reprit doucement des forces.
Eglise d'Orléans qui vit Isabelle, la mère de Jehanne
Ses deux fils, Pierre et Jean passaient souvent du temps avec leur mère. Isabelle ressentit un bonheur immense quand, leur bravoure et leur dévouement à la cause française fut récompensées. Pierre devint Chambellan du Roi et Jean fut nommé Ecuyer capitaine de Chartres . Cette reconnaissance de ses fils, par le roi, éclaira un peu sa vieillesse.
De nouvelles épreuves attendaient la pauvre femme dont la santé était encore fragile.
Rue Isabelle Romée à Orléans
Dès 1439, une certaine femme, chevauchant de ville en ville, se disait être Jehanne d’Arc, sauvée du bûcher.. Les frères de Jehanne, Jean et Pierre surmontaient leur peine avec difficultés.
Le temps passait et l’aventurière continuait son odieux manège, s’enhardissant .et se présentant aux princes et dans les grandes villes . Partout, elle apitoyait ceux qui l’écoutaient en clamant ;
« Braves gens, écoutez : Je suis Jehanne, la pucelle de Domremy, la suppliciée de Rouen, j’ai été sauvée du bûcher et le roi m’a abandonnée ! Je suis seule, sans argent, braves gens, je n’ai plus que vous, le bon peuple qui m’a toujours aimée »
Les foules se pressaient vers cette cavalière, portant étendard et armure. La majorité n’avait jamais vu Jehanne d’Arc et croyait cette femme, d’autres croyaient la reconnaître ou non ! Tous étaient troublés mais se montraient souvent généreux. Au nom de Jehanne, cette aventurière acceptait d’innombrables cadeaux et dons.
Apprenant cela, Isabelle, la mère de Jehanne, ne comprit pas pourquoi sa fille bien-aimée ne venait pas la voir !
- Dame Henriette , si c'est ma fille, pourquoi ne vient-elle pas me voir
- Dame Isabelle, ce n'est sûrement pas elle !
Pour rassurer leur mère, Jean et Pierre se précipitèrent derrière cette femme, pour lui parler .
Ils eurent beaucoup de mal à l’approcher. Avertie de leur arrivée, l’aventurière fit vite pour filer .Ce fut alors une course sans relâche que menèrent les deux frères, jusqu’à ce qu’ils soient face à cette femme !
Elle avait osé visiter la ville d’Orléans ! Ce jour-là, Jean et Pierre l’attendaient . Ils la surprirent dans une rue populeuse, s’en approchèrent et là, n’eurent plus de doute. Ils allertèrent la police, l'officier s'approcha d'elle et lui déclara :
" Au nom du roi de France, je vous arrête pour usurpation !"
Elle essaya de fuir, mais fut rapidement capturée et menée devant le Roi. Elle fut questionnée sur ses agissements et s'effondra .
Elle avoua sa supercherie en usant de la crédulité du peuple. Elle s’appelait Claude et venait de la Granges aux Ormes, elle fut condamnée au bannissement , elle quitta le tribunal de Paris, huée par la foule. Elle disparut mais on la vit réapparaître sous le nom de Claude des Armoises.
Cette usurpatrice fut imitée par une certaine Jehanne de Sermaize . Les frères de Jehanne d’Arc la suivirent inlassablement. A Metz, ils la démasquèrent, elle fut jugée devant un tribunal où siégeaient le roi , les frères de Jehanne et ses Compagnons d’armes.
Jeanne de Sermaize avoua son imposture et fut condamnée au bannissement.
Enfin, la famille de Jehanne dvenue " du Lys" put vivre en Paix et, Isabelle , recueillie et soignée par la ville d’Orléans depuis 1440, continua sa lutte pour la réhabilitation de sa fille, Jehanne La Pucelle de Domremy.